OpenSource est un programme de diffusion de contenus institutionnels du groupe ESH Médias. Celui-ci a pour but de donner la parole, de manière récurrente, à des acteurs internes clés spécialistes dans les domaines d’expertise du groupe.
Avec la mondialisation numérique, ce qui est loin devient souvent plus familier que ce qui nous est proche; nous savons parfois mieux ce qu’il advient à l’autre bout du monde que ce qui se passe chez nous. Quels impacts et quelles actions à mener?
Réalité tangible, la mondialisation a bel et bien fait de nous des citoyens du monde. Nous avons parfaitement connaissance des événements qui se déroulent à l’autre bout de la planète, mais sait-on encore ce qui se passe à côté de chez nous? Ce même principe s’applique à tous les niveaux. Le comble vient peut-être du fait que pour acheter une clé à molette à Sion, là où je suis, je dois interroger une entreprise basée en Californie (Google). Et peut-être bien que la réponse m’enverra à Lausanne parce que la quincaillerie vaudoise aura déboursé ce qu’il faut pour arriver en tête de liste. Faut-il accepter ce biais de la digitalisation comme une conséquence inéluctable et finalement peu dommageable de l’économie numérique? C’est probablement baisser les bras un peu trop vite par rapport à ce qu’il est possible de faire localement.
La force de Google est d’avoir réussi à imposer un écosystème digital qui lui assure une maîtrise sur l’information, maîtrise proche du monopole. Quelques chiffres : 75% des utilisateurs d’Internet passent par le moteur de recherche de Google. Chrome (navigateur web de Google) séduit 69% des internautes tandis qu’Android (de Google) est le système d’exploitation d’environ 70% des téléphones portables en circulation. Si quelqu’un cherche la direction du magasin de chaussures du coin sur son téléphone Android, Google supposera une visite en magasin sur son moteur de recherche. Quand certains craignent l’univers du métavers au sens de la captation de données personnelles, j’aurais tendance à dire que nous y sommes déjà sans le savoir.
La question est donc à savoir s’il est possible d’imaginer une palette de services de même efficacité mais conçue par et pour des intérêts locaux. Loin de toutes mesures protectionnistes, la solution passe par le développement d’un concept de « smart » city, où il s’agit avant tout de penser collectivement entre citoyens, entre entreprises et entre acteurs publics et privés.
Cette mise en commun commence assez naturellement par maximiser les ressources à disposition en les mettant au service d’autres entités. Au sein du groupe ESH Médias, nous optimisons par exemple les opportunités offertes par l’affichage digital pour valoriser l’économie présentielle. Là où les campagnes nationales de longue durée fonctionnent généralement sur des supports traditionnels, l’affichage digital, nettement plus flexible, s’adapte parfaitement aux besoins et aux ressources des commerces de proximité, de la culture et des servies locaux. C’est précisément cette capacité à créer et à échanger des données locales qui est au cœur de la problématique. Certaines administrations cantonales l’ont bien compris pour avoir défini des stratégies numériques allant dans ce sens. C’est notamment le cas du Valais où le Conseil d’Etat vient d’adopter une telle stratégie qui doit impliquer l’ensemble des communes afin d’engager un nouveau type de dialogue avec le citoyen. Seule contrainte : le temps. Le Valais prévoit en effet une mise en œuvre du projet en deux cycles successifs de quatre ans avec un déploiement prévu à l’horizon 2027-2030.
De notre côté, c’est le traitement des données, via le travail d’enquête et de récolte d’informations de nos différents titres, qui nous donne l’opportunité d’agir localement et d’amener de la valeur ajoutée à nos lecteurs. Sans oublier le travail avec les universités et les instituts académiques pour mieux comprendre nos régions et appliquer une grille d’analyse pertinente sur l’évolution de notre environnement social et économique. En un mot, il s’agit de rendre les données de nos régions plus faciles d’accès.
Avec le concept de « phygital », l’industrie 4.0 résume bien cette capacité à trouver le juste milieu entre présence locale et mondialisation digitale. Cette combinaison des transactions physiques et numériques peut d’ores et déjà s’observer au sein de certaines branches économiques. L’horlogerie suisse en offre une excellente illustration pour avoir développé une nouvelle formule de salons professionnels incarnée par Watches and Wonders Geneva. Ce rendez-vous, organisé en avril dernier par une quarantaine de marques de haute horlogerie, a fait le plein de visiteurs sur le site genevois après deux ans de pandémie, tout en ayant un programme numérique et interactif dédié. Si 22'000 personnes ont fait le déplacement à Genève, 155'000 utilisateurs ont participé en ligne au salon. On retrouve cette même dualité au niveau des réseaux de distribution. Si le commerce en ligne participe désormais pleinement au modèle d’affaires de ces maisons horlogères, il n’est surtout pas question d’abandonner leurs réseaux de boutiques de proximité, essentielles dans la relation client pour ce type de produit.
En ce qui nous concerne, les pistes à explorer pour créer et consolider les liens qui nous unissent localement consistent à être toujours plus agiles et inclusifs. Cela passe par un travail sur des solutions de lecture augmentée par exemple afin d’enrichir l’information et de l’amener partout où le demandent nos sociétés nomades, ou encore par la promotion des commerces locaux et de la vie associative en région pour leur créer une place de choix dans un monde complémentaire où la digitalisation est aussi à comprendre comme un outil de proximité.
Par Thomas Deillon
Thomas Deillon commence sa carrière par la digitalisation des écoles et mairies de Haute-Savoie avant de créer son entreprise et accompagner plusieurs grands groupes romands à transitionner vers la téléphonie et télévision sur Internet dans les années 2000. Il rejoindra ensuite SITA, leader mondial des télécommunications pour le domaine aérien, en tant que responsable innovation, puis directeur de cabinet du PDG, avant de prendre la responsabilité de la création d’une entité de développement de produits logiciels d’une cinquantaine de personnes à Montréal dans l’analyse prédictive (Smart Airports).
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